Maxime Gautier
Research Lead covering the French market
Les nouvelles normes mises en place par les communes afin de limiter le nombre de locations meublées de courte durée marquent-elles le retour en force des hôtels dans l’industrie des hébergements touristiques ? Alors que la France est toujours le second marché d’Airbnb dans le monde, le secteur hôtelier se remet à peine des années de restrictions. L’année 2023 a signé un retour à la normale pour l’occupation des hôtels en France et le nombre de nuitées a même dépassé les niveaux pré-COVID dès 2022. Malgré sa position de leader mondial en termes d’accueil de touristes, la France n’est pas le pays disposant du plus grand nombre d'hôtels dans le monde. Le territoire français comptait 16.850 établissements hôteliers au 1ᵉʳ janvier 2023, répartis de manière très inégale sur le territoire et centrés sur la capitale et dans les Alpes. L’Île-de-France enregistrait les recettes les plus importantes de l’industrie hôtelière française grâce à l’attraction de la capitale qui centralise la part la plus importante des touristes français et des touristes internationaux.
Le secteur hôtelier français est sorti de la crise
Alors que la crise du COVID-19 avait provoqué un recul du taux d’occupation des hôtels de plus de 50 % en 2020, le secteur a désormais retrouvé son niveau de fréquentation d’avant crise, enregistrant plus de 68 millions de nuitées lors de l’été 2023. Le secteur hôtelier français comme européen a enregistré une nette reprise des taux d’occupation. En France, après deux années difficiles, les hôtels ont refait le plein dès l’été 2022 avec des niveaux comparables à 2019. A Paris, première ville touristique française, le taux d’occupation des hôtels s’élevait en 2023 à plus de 78%.L'Île-de-France, pôle d'attraction du tourisme domestique et étranger
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n'est pas dans la région Île-de-France qu'il y a le plus d'hôtels, mais en Auvergne-Rhône-Alpes, une première place s’expliquant par le grand nombre de stations de ski de la région. Ce qui n’empêche pas la région francilienne d’être le leader du marché hôtelier français en enregistrant près de 66,6 millions de nuitées en 2022. Portée par le rayonnement international de la capitale, dont l’attractivité reste toujours très forte, l’Île-de-France est la région comptabilisant le plus de touristes internationaux. Les étrangers privilégient ainsi l’étendue de l’offre hôtelière haut-de-gamme francilienne, quitte à devoir y mettre le prix.L’offre hôtelière française est dominée par le milieu-de-gamme
Malgré le succès des hôtels de luxe auprès des touristes internationaux, le marché hôtelier français est d’abord dominé par les hébergements dits milieu-de-gamme. On comptait ainsi plus de 8.000 hôtels trois étoiles et quatre étoiles en 2023, soit le double du nombre d’hôtels bas-de-gamme en France. Cette gamme hôtelière n’est pas seulement la plus représentée en France, mais aussi la plus prisée par les touristes. Les hôtels 5 étoiles sont concentrés à près de 60% dans trois régions : l’Île-de-France, la PACA et l’Auvergne-Rhône-Alpes.La concurrence des locations meublées entre particuliers
En 1999, un étudiant américain part en voyage en Islande avec un petit budget. Les prix élevés des hôtels de l’île volcanique l'incitent à contacter la liste des étudiants de Reykjavík afin de séjourner chez eux. De cette expérience naquit le site couchsurfing, puis la version marchande Airbnb qui arriva en France à partir de 2008. Aujourd’hui, les locations meublées sont le type d’hébergement de vacances favori des Français et la France est le second marché d’Airbnb. Cependant, le géant américain de la location se voit progressivement limité dans son implantation sur le territoire français. En effet, la multiplication des locations Airbnb conduit à une raréfaction de l’offre locative en France dans des villes déjà sous tension locative. Les pouvoirs publics ont donc récemment mis en place de nouvelles normes sur les conditions de mise en location des biens immobiliers sur les plateformes comme Airbnb.
